Je suis née de deux personnes de cultures totalement différentes. Un de mes parents est d’origine haïtienne et l’autre est de racine québécoise. Toute ma vie, j’ai grandi au milieu de deux façons de vivre, de deux cultures, de deux ondes. Comme mes parents se sont séparés lorsque j’étais encore très jeune et que ma mère a déménagé à plusieurs heures de route, le contraste était encore plus frappant en passant d’un côté de ma famille à l’autre.
Rapidement, j’ai commencé à penser, à agir et même à parler différemment selon le côté où j’étais. C’est bête parce qu’au fond, ce n’est pas si important que cela. Pourtant, étant enfant, je faisais tout pour rentrer complètement dans le cadre, mais malgré tous mes efforts, je me sentais différente peu importe où j’étais. Je voulais être l’un ou l’autre, pas les deux en même temps. C’était difficile, pour moi, de toujours être celle qui « fittait » un peu moins, celle qui avait l’air différente sur les photos de famille.
Au fil des années, ma situation s’est améliorée. Ça m’a pris du temps, mais j’ai appris que c’était correct si je faisais des erreurs en essayant de parler créole et que ce n’était pas grave si mes mots sonnaient moins québécois de temps en temps. Peu à peu, j’ai commencé à essayer d’être un peu des deux, parce que j’ai réalisé que c’était seulement comme ça que j’étais moi-même. Je devais arrêter de voir la vie comme deux facettes différentes, qu’il fallait que je sois la même pour les deux. À partir du moment où j’ai compris ça, ma vie allait de mieux en mieux. Ma relation avec les gens de ma famille s’est améliorée, et pour la première fois depuis toujours, j’avais l’impression d’appartenir aux deux cultures en même temps; de vivre dans un seul monde. Le mien.
Kahina