Le 5 février 2016, une date qui va rester gravée en moi. Le jour où mes parents ont pris la décision de venir vivre au Canada. J’ai dû quitter mon pays la Tunisie. Ce jour-là était très émotif. J’ai pleuré. J’ai passé le plus de temps possible avec ma famille parce que ça allait être long avant de les revoir. J’ai dû laisser ma mamie, mon papi, mes tantes, mon oncle, mes cousines, mes amis d’enfance, mon école où j’ai passé ma maternelle.
Tout ça pour dire qu’immigrer dans un pays que tu ne connais pas, c’est juste humiliant, si je peux dire ça comme ça. Mes parents m’ont fait faire des cours de français et d’anglais à l’âge de 5 ans et je me débrouillais plutôt bien. Mais quand on a dû laisser ma famille, c’était le moment le plus dur de ma vie ! Quand je suis monté dans l’avion, j’avais pris avec moi le chandail de ma mamie parce que c’est la seule qui était là pour moi ; elle m’a élevée puisque je passais mon enfance dans sa maison. Voir que mes parents ont fait ça pour moi me touche énormément. Ils ont fait ça pour moi, pour que je puisse avoir un meilleur avenir, pour que je puisse faire ma vie ici.
En Tunisie, j’étais la meilleure de ma classe en première année. Tous mes profs disaient que je finirais par être un exemple pour les autres enfants et en venant ici j’ai découvert un Nouveau Monde, un monde incroyable. En grandissant, mes profs du primaire me prenaient tout le temps comme l’élève modèle et c’est ce qui me rendait fière de moi, ainsi que mes parents.
Maintenant, revenons à la première journée au Canada, c’était un jour avec une tempête de neige et moi, je n’avais jamais vu de la neige. Et là vous allez rire, parce qu’en voyant la neige pour la première fois, j’ai sauté dedans avec seulement un manteau. Et oui, c’était la première fois de ma vie que je voyais de la neige. C’était un moment magique !
Le premier jour à l’école, c’était en milieu d’année en première année. La première chose qu’ils m’ont fait faire, c’est de la raquette. Vous allez vous dire, mais comment elle a fait c’est sa première journée ? Je l’ai fait ! J’ai fait de la raquette alors que je ne savais même pas c’était quoi. Les premiers moments, je me sentais jugée, humiliée par les gens qui se moquaient de mon accent. Oui, je ne savais pas très bien parler français, mais en anglais j’étais la meilleure.
Avec le temps, l’école m’a fait voir une orthopédagogue qui était très gentille et qui m’a aidé tout au long de mon parcours au primaire, jusqu’à ce que je devienne une vraie professionnelle !
Bref tout ça pour dire que l’immigration ce n’est pas facile, j’ai souffert avant de pouvoir devenir la personne que je suis aujourd’hui. Maintenant, ça va faire 8 ans que je vis à Saint-Jérôme, une ville qui m’a très bien accueillie ! J’aimerais dire à tous les nouveaux immigrants : « Croyez en vous et n’abandonnez jamais. Chaque fois qu’il vous arrive quelque chose de mal, rappelez- vous la raison pourquoi vous avez décidé de venir vivre au Canada ! ». Certes il y a les humiliateurs, les jugeurs et les gens qui te traitent d’immigré, qui lancent des commentaires du genre « retourne dans ton pays ». Cependant, sachez que ces gens-là ne pourront jamais comprendre votre souffrance d’avoir quitté son pays que ce ne soit quand tu es jeune ou grand ça amène la même souffrance et douleur. Me faire accueillir par le Canada, c’est la chose la plus formidable qui me soit arrivée dans la vie et c’est pour ça que je remercie mes parents de m’avoir fait découvrir ce pays !
Eya