Cette article a été coécrit avec Mariana Reyes. La première partie, également écrite en collaboration, a été publiée lundi.
En écrivant les lignes de la partie 1, nous nous sommes surprises à penser: « les filtres, c’est rendu weird de ne pas en mettre ». Il se trouve qu'ils agissent, aujourd’hui, à titre de chirurgie plastique pour les pauvres. Et encore là… Le mal-être ne s’arrête pas là. Nous remarquons que même les personnes botoxées ont recours aux modifications de photos. La Terre entière est devenue si artificielle que nous superpositionnons les impostures. Décidément, notre cher ami Insta nous expose des femmes ayant passé sous le bistouri qui utilisent des filtres, en plus de retoucher leurs photos sur Photoshop: les 3 à la fois! Nous sommes devenus si habiles dans cette arnaque que nous basculons vers une banalisation des changements corporels. Effectivement, la notoriété des filtres a transigé vers les filtres permanents, soit la chirurgie esthétique. Nous la sentons de plus en plus présente, mais surtout dérangeante. Notre univers est rendu si truqué que nous avons parfois un sentiment d’anormalité en scrollant notre feed.
On serait porté à blâmer les influenceurs pour avoir mis de l’avant et ainsi encourager ces comportements. Toutefois, après y avoir réfléchi, nous pensons qu’il y a une préoccupation marketing derrière le développement des filtres. Les compagnies savent bien jouer le jeu: Devant tant d'adeptes des filtres embellissants, elles peuvent nous garder accros. En perfectionnant leurs métamorphoses, les propriétaires se font du cash à partir de nos insécurités. C’est immoralement traître.
Maintenant que vous êtes convaincus que les filtres sont ce qui a fait crasher votre amour-propre, prolongeons la notion de mensonge encore plus loin. Lorsque nous prétendons que la fausseté est partout, nous ne faisons pas abstraction de la télé. Plus précisément, c’est la télé-réalité qui est alarmante. De nos jours, les télé-réalités ne sont plus la réalité. Ce n'est que du montage où il n’y a plus rien de vrai. La production s’implique beaucoup trop. D’ailleurs, c’est à elle que revient la responsabilité de décider quel personnage un candidat joue dans l’émission. Puis, comme ils ne montrent pas la vraie personne derrière leur rôle artificiel, cette étiquette est destinée à leur coller à la peau pour le reste de la saison! Par exemple, dans « Occupation Double », les participants ne montrent pas qui ils sont, c’est la prod qui leur dit quoi dire ou quoi faire. Par conséquent, ce scénario pré-fait inhibe toute spontané. Les réalisateurs des télé-réalités ont comme but de captiver notre attention en préparant toutes les twists à l’avance. De cette façon, nous allons tous penser que ces personnalités altérées sont cools ou, au contraire, mauvaises. Tristement, c’est ce qui rend le show intéressant.
Nous ne pouvons donc pas croire à tout ce qui se passe dans ces télé-réalités-là. En bref, on en revient à notre idée de départ: Le fake vend.