Ce n’est peut-être pas mon histoire, mais elle est beaucoup trop vécue pour ne pas être racontée.
Elle habite un quartier gris
Plein d’êtres
Pourtant sans vie
Elle n’y voit que du paraître.
Une pelouse bien taillée
Un jardin bien arrosé
Mais tous les arbres sont rasés
Pour faire de la place à aménager.
Des maisons de briques
Pas très uniques
Découpées et alignées
Sans originalité.
Dans de belles voitures
Sa famille se déplace
Pourtant personne ne sait
Ce qui se cache derrière ce masque.
Des chicanes et des bagarres
Dans la maison, plein de mauvais regards
On lui dit de ne pas s’en faire
Ce n’est rien, tout va bien.
Elle n’a que huit ans
Mais n’a pas le temps
Entre les devoirs et ses parents
Il ne lui reste plus un moment.
Si jeune et déjà
Elle ne voit que les jours et les mois.
Un futur sans présent
Sans jamais vivre l’instant.
Dans un monde superficiel
Qui se constitue de mensonges et de virtuel
Personne ne la voit,
Elle.
Car elle n’est pas cette enfant-là
Que tous applaudissent
Et voyant les autres sur un pied d’estale
Elle se sent seule au fond du canal.
Alors elle rêvasse
Jour après jour
D’un peu de liberté
D’enfin s’amuser.
Elle rêve d’un nouvel endroit
Là où le soleil brille
Pour dorer sa peau fine et blême
Abîmée par la fatigue et la haine.
Elle rêve de paysages tropicaux
Et de milliers d’animaux
De la beauté du monde
Celle qui n’est pas sur des ondes.
Ce type de beauté
Celle qui n’est pas modifiée
Mais jamais présentée à la télé
Celle d’un rire profond
Sans aucune retenue.
Dans cette pagaille
Elle ne vit plus
Elle survit
Elle attend la nuit
Et en fermant les yeux
Finalement, elle sourit.
Anaelle