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Lire les lettres des aînées

Chère « Demoisaile »

             Pour toi l’adolescence arrive sans doute à son terme et on te qualifiera désormais de Jeune Femme. C’est un passage chargé de conséquences, mais comme moi, tu auras droit à ton 8 mars pour souligner la Journée de la Femme.

               Suis-je particulièrement heureuse qu’un jour de l’année me soit consacré parce que je suis une Femme? Ma réponse comporte des « oui » et des « non ». Oui parce qu’en un siècle seulement, ce qui est court par rapport à l’histoire de l’humanité, nous avons accompli un bouleversement gigantesque de notre condition. Ça mérite une Fête! Ma grand-mère n’était allée que deux ans à l’école et ce qu’elle en avait conservé toute sa vie se résumait à savoir écrire son nom. Ma mère, née en 1902, a dû quitter l’école à 14 ans,malgré son goût d’apprendre, puisqu’une fille n’avait pas besoin d’être instruite pour laver des couches. Et en plus, son travail à la manufacture ne la faisait pas reconnaître comme citoyenne à part entière, car elle n’avait pas le droit de vote! Maman a eu la chance de marier l’homme qu’elle aimait,d’avoir un nombre raisonnable d’enfants, 5+moi… à l’âge de 46 ans!!! Cette femme a désiré ardemment l’instruction de ses filles, rêve qu’elle a pu réaliser!

                Aller à l’école, obtenir un diplôme dans un champ d’intérêt signifie pour la femme l’accès à l’indépendance économique, source de sa LIBERTÉ personnelle. Ça, c’est la lutte de ma génération avec le mouvement féministe. Mini-jupe et pancarte à la main, nous avons revendiqué et manifesté pour la contraception, l’amour avant le mariage,la primauté du français, la parité salariale avec les hommes, etc,etc,etc. Toute cette agitation sur des sujets qui pour toi sont presque tous acquis te fait certainement sourire. Dans toutes ces manifestations nous, les filles, nous nous sommes aussi bien amusées. Je le referais!

               Et toi, que feras-tu de ta vie de femme? Quels seront tes combats ? Il est beaucoup question du plafond de verre à défoncer. Ce sera un fait de ta génération. Garde toujours des projets qu’ils soient petits ou grands, peu importe. Va de l’avant avec les échecs et les succès, mais surtout, n’oublie pas d’être heureuse dans tous les rôles que tu endosseras: amoureuse, travailleuse et sans doute aussi maman.

                J’espère qu’un jour, nous n’aurons plus besoin de souligner la journée de la Femme puisque notre accomplissement nous paraîtra satisfaisant et en perpétuelle mouvance. L’immobilité empêche de grandir.

Avec affection et tendresse, Michèle 

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LE FÉMINISME EN 1957 ??? CE MOT N’EXISTAIT PAS

Je suis née en 1942 durant le temps de la guerre. En 1957, j’avais 15 ans. J’avais réussi à convaincre ma famille pour poursuivre mes études à St Jérôme à l’Institut familial. À l’époque, la scolarité après la 7e année (le primaire) était rare pour une personne qui venait d’un village (St-Janvier, maintenant Mirabel) et du monde rural (agriculture).

Les filles de l’époque s’orientaient vers le mariage pour fonder une famille et celles qui choisissaient de poursuivre des études avaient un choix très limité: devenir secrétaire, enseignante, infirmière, assistante sociale. J’ai opté pour des études d’assistante sociale que j’ai dû aller faire à Trois-Rivières. Il n’y avait que 3 écoles au Québec (Montréal et Sherbrooke). 

Toutes les écoles étaient gérées par des religieux tant pour les filles que les garçons, car les CÉGEPS n’existaient pas. Il n’y avait pas de mixité, garçons et filles se croisaient qu’à l’extérieur des écoles et cela en cachette des enseignants et des parents.

Si un garçon fréquentait une fille, c'était dans le but d’envisager un mariage éventuel qui se produirait aux environs de la vingtaine. Au début de la vingtaine, souvent les filles étaient déjà des mères. Je ne voulais pas me marier, donc les études étaient ma seule porte de sortie.

À 21 ans, nous atteignons notre majorité, donc nous pouvons être considérés comme des adultes à part entière. Mais là, une fille qui voulait ouvrir un compte bancaire, il lui fallait avoir un endosseur qui était souvent le père. La femme n’avait pas de reconnaissance sociale et économique. Les postes de gestion étaient tenus par des hommes.

Depuis 65 ans, vous pouvez constater tout le chemin parcouru par les femmes dans notre société. Vous avez des choix d’études dans tous les domaines. Dès 18 ans, vous devenez adulte à part entière. Vous avez une très grande liberté et aussi une responsabilité importante, car vos choix sont importants pour votre avenir.

Pauline Filiatrault 17 février 2022

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Bonjour, 

Je suis une dame née en 1955; à cette époque les familles étaient constituées de 5 à 8 enfants, simplement parce que la pilule anticonceptionnelle arrivait sur le marché (juin 1960). Ma grand-mère a eu 6 enfants, mais ce n’était pas rare que les femmes de son époque mettent au monde 13 à 18 enfants.  

Aussi, les prénoms des enfants étaient plus conventionnels et courants qu’originaux. Je me souviens quand j’ai su que je serais grand-mère, je me suis dit : « J’espère que le prénom de mes petits-enfants ne sera pas trop excentrique.» C’était devenu un sujet de conversation avec mes copines.

J’ai eu 2 enfants et la plupart de mes amies aussi. C’est simple, la femme commençait à travailler à l’extérieur même mariée et mère de famille. Moi, j’ai fait un cours de secrétaire juridique au Ellis Business Collège de Drummondville. Je voulais aller à l’Université, mais à l’époque, il n’y en avait pas à Drummondville; il aurait fallu que j’aille à Montréal ou à Sherbrooke.  Les femmes de ma génération étaient secrétaires, enseignantes, infirmières ou serveuses dans un restaurant. Comme mon père était décédé, je devais subvenir à mes besoins à 17 ans et j’ai travaillé comme secrétaire et je me suis mariée; j’ai eu 2 enfants qui sont allés à la garderie et ça aussi, c’était du gros nouveau, puis 7 ans plus tard, je me suis séparée le gros classique.

En 1985, j’ai changé de région, je suis déménagée sur la Rive-Sud de Montréal et là, j’ai enfin fait mon droit à l’Université de Montréal tout en travaillant avec mon nouveau conjoint qui était notaire. On appelait ça les cours du soir. C’était assez fréquent le retour aux études le soir, malgré le travail et la famille. À l’époque, dans ma classe, il y avait 6 garçons pour 25 filles.

Un autre gros changement, moi, je cousais, tricotais et fabriquais les vêtements de mes enfants et de mes copines aussi. Aujourd’hui, au prix que coûtent les tissus, les boutons et les fermoirs, ça n'en vaut pas la peine, ça ne fait pas une grande différence.

Aussi, quand j’ai eu mes enfants en 1977 et 1980, si le papa aidait et faisait des travaux ménagers, il était un « homme rose » alors qu’aujourd’hui, les hommes participent aux tâches quotidiennes. À mon époque, l’homme était encore considéré comme le pourvoyeur et la femme éduquait les enfants.

Mon autonomie et mon indépendance, je les ai vraiment gagnées.

Comme je suis musicienne, je terminerai avec une autre constatation; à mon époque, la femme, on ne la voyait qu’au piano. Je me réjouis chaque fois que je vois dans un groupe, une femme aux percussions, à la guitare et à la base. 

Dianne

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Je vais faire un petit survol de mon parcours en tant qu’adolescente jusqu’à présent, Femme comblée et retraitée de 63 ans!  

Je me souviens précisément de la réponse à la question de mon professeur de classe à mes 18 ans.  Maintenant que tu vas graduer et que tu auras un nouveau départ avec tes études, quelle est ta vision pour ton futur? J’avais répondu, je veux trouver un travail pour subvenir à mes besoins, avoir une voiture pour mon indépendance et pouvoir régler le chauffage dans mon appartement.  (Je viens d’une famille de 13 enfants, 11 filles et 2 garçons) avec des moyens financiers de base.  Je savais déjà à ce moment-là que je voulais fonder une famille avec pas plus de 2 enfants. Je voulais voyager et avoir une carrière. J’ai acheté ma première voiture et j’ai obtenu mon permis de conduire par la suite, dès l’âge de 18 ans.

Deux mois après ma graduation, j’avais déjà mon emploi avec une commission scolaire au NB que j’ai conservé d’ailleurs jusqu’à la rencontre de mon mari 3 ans plus tard, à l’âge de 21 ans. J’ai quitté mon appartement dès l’âge de 22 pour le rejoindre à Québec et on s’est mariés à 24 ans et mon premier enfant est né un an plus tard. Mon deuxième garçon a suivi un an plus tard, donc à l’âge de 26 ans. Tout était comme je l’avais planifié, avoir mes enfants à un jeune âge pour pouvoir avoir l’énergie de concilier travail et famille.  

J’ai déménagé 3 fois en 10 ans à l’intérieur du Canada. Je me trouvais toujours un nouveau travail.  Au Québec, j’ai travaillé comme dictaphoniste  pour un ajusteur d’assurances. À Ottawa j’ai travaillé comme réceptionniste pour un groupe d’ingénieurs à Bell Canada. À l'Île du Prince Édouard, j’ai travaillé comme agent au contrôle des bouées pour la Garde Côtière.  

Nous avons par la suite déménagé en Europe, en France pour une période de 3 ans. Mes enfants avaient alors 5 et 4 ans.  J’ai pu voyager à travers l’Europe avec eux, car mon mari avait un emploi qui lui donnait plusieurs jours de congé par mois.  Je me suis occupée à donner des cours d’anglais à un petit français. Je travaillais aussi en comptabilité pour une Cie qui me rémunérait quelques heures par semaine.  Et je dactylographiais différents documents pour l’Union des pilotes en échange à l’étranger. J’ai aussi profité de mon temps libre pour perfectionner mon orthographe et grammaire française.  

Une fois de retour au Canada, j’ai tout de suite voulu me remettre au travail. J’ai donc travaillé pour un optométriste jusqu’à l’obtention d’un poste à temps partiel pour le gouvernement, pénitencier de La Macaza.  Par la suite, j’ai travaillé pour la station de ski Mont-Tremblant. Et à l’âge de 40 ans, j’ai pris un cours de 7 mois pour devenir préposée aux bénéficiaires, emploi que j’ai tenu pendant 10 ans à Ste-Agathe. J’ai toujours réussi à concilier travail, famille et voyages.  Nous avons voyagé à travers le Canada, les États-Unis, Costa Rica, Mexique, République dominicaine, Nouvelle Zélande, Chine et j’en passe.

À ma retraite à l’âge de 50 ans, j’ai acheté un petit chalet sur le bord de la rivière rouge que j’ai converti en Boutique Cadeau. Vu que j’avais beaucoup de temps libre, j’ai voulu m’impliquer dans tout et partout sans jamais dire non, donc m’oublier pour le besoin des autres. J’ai enfin compris après un épuisement total et une guérison quelle était l’essence ultime de notre passage sur terre. Questionnement que j’avais toujours à l’intérieur de moi. Alors ma réponse m’est venue à savoir qu’on est là pour contempler, bénéficier de tout ce qui nous entoure. Alors, on travaille pour vivre et non le contraire. À la suite de cette révélation, j’ai décidé avec la collaboration de ma Grande et Précieuse Amie, Sylvie Savoie, d’écrire notre histoire de guérison Le Cri de l’âme.

Dès l’arrivée de la Covid, j’ai fermé ma boutique l’Atelier des Tulipes qui m’en demandait trop avec toutes les mesures sanitaires mises en place. Je travaille encore avec mon hébergement touristique sur airbnb, ce qui me comble et me garde un intérêt tout en douceur et à mon rythme. Sylvie et moi continuons d’être créatives à travers nos différents projets de peinture, tableaux et peinture sur roches.  

Je vous souhaite tous de pouvoir réaliser vos rêves à tout âge, et de vous permettre de rêver plus Grand afin de vous retrouver là où vous devriez être!  Petit mot de la fin, une retraite bien réfléchie et planifiée nous permet de prendre un rythme de vie plus calme et en douceur.  

Quel bonheur de savourer son café le matin!
Denise

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Bonjour, ma mère est issue des premières nations, mohawk de Kanahwake, et mon père est blanc, donc issu d’une famille d’Europe. Je n’ai pas été élevée dans les traditions mohawk, car mon grand-père ne voulait pas que ses enfants et petits-enfants souffrent des politiques d’assimilation du gouvernement. 

Ma mère a donc marié un homme de race blanche. Ayant vécu dans une famille adéquate et remplie d’amour, ma mère ne savait pas que le mal existait. Elle a donc épousé un homme torturé qui utilisait la violence (physique, émotionnelle, sexuelle, économique, etc.) pour arriver à ses fins. Ma mère ayant un tempérament mohawk, elle divorça lorsque j’eus 3 ans et se remaria avec un homme ayant de bonnes valeurs, lorsque j’eus 6 ans. Nous fûmes donc une des premières familles reconstituées de ma région. Comme on était beaucoup de filles dans la famille, je considère avoir été élevé en garçon, car au lieu d’apprendre à faire la cuisine, je travaillais dehors pour corder le bois. 

Je me suis toujours sentie différente des autres. Jusqu’en secondaire 4, j’étais une fille réservée, brillante et infiniment paresseuse. En sec. 4, je suis sortie de mon cocon et là, je me suis vraiment sentie différente des autres. Je voyais les choses différemment et j’avais un caractère très indépendant. La très grande majorité du temps, la vie me semblait un « been there, done that ». De plus, j’avais de la difficulté à me faire des amies, car mon tempérament était souvent considéré comme « agressant » pour les gens. J’avais donc très peu d’amies, mais ce fut de très bonnes amies qui le sont encore à ce jour.  

Je suis tombée enceinte à 21 ans et tout allait mal dans ma vie. Je me suis enfoncée dans la dépression. J’ai fini par en sortir et à 28 ans, j’ai décidé de retourner aux études pour finir mon DEC. Je me suis inscrit en Travail Social. Ce fut 3 merveilleuses années, mais encore là, je fus encore très souvent « trop ». On me disait que ce n’était pas ma place en travail social, car j’avais un tempérament Bulldozer. On m’a aussi dit que je gaspillais mon potentiel en T.S. Et encore là, je me sentais comme la bébitte. C’est au cégep que j’ai compris que j’avais une intelligence en haut de la moyenne et que ma mémoire, que je croyais normal était en fait bien au-delà de la moyenne. 

À la suite d' une mauvaise décision de ma part, à 31 ans, j’ai dû recommencer ma vie pour la 3e fois avec seulement mon fils et ma voiture. Je fus engagée par le Service Correctionnel du Canada dans un emploi dit réservé aux hommes. Mais, comme je n’ai pas été élevée dans ce dictat, je n’ai jamais considéré que ce n’était pas ma place. À cet emploi, j’ai rencontré des Ainés(es) autochtones qui m’ont permis de reprendre contact avec la culture et la spiritualité de mes ancêtres. Ce fut à cette époque que j’ai rencontré 2 femmes mohawks. À ce moment, j’ai vu et compris ce que les autres voyaient en moi, le tempérament bulldozer, la vision du monde, etc. J’ai compris que je n’étais pas une bébitte étrange; j’étais une femme mohawk et si j’avais grandi auprès des miens, je ne me serais probablement pas trouvée différente des autres. 

Aujourd’hui, à 51 ans, je sais qui je suis et ce que je vaux et ça, personne ne me l’enlèvera. 

Marie-Jeanne

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