Quand j’étais petite, j’étais fascinée par les méduses. J’adorais tout apprendre sur elles : leur mode de vie, leur écosystème, leurs particularités. C’était une véritable obsession. À chaque visite en magasin, je demandais à mon père de m’acheter un livre sur ces créatures marines.
Un jour, il m’annonça que nous allions partir en vacances près de la mer et que j’aurais peut-être l’occasion d’en voir en vrai. Mon excitation était immense : je comptais les jours, impatiente de vivre ce moment tant attendu.
Dès notre arrivée, j’ai supplié mon père de m’emmener à la plage pour nager. Mon seul objectif était de trouver des méduses. Mais après de longues recherches ce premier jour, je n’en ai aperçu aucune. Le lendemain matin, déterminée, je me suis réveillée tôt et j’ai demandé à retourner dans l’eau. Cette fois, au bout de quelques minutes seulement, je me suis sentie fatiguée et ai décidé de regagner la rive.
C’est alors qu’une vive douleur s’est propagée le long de ma jambe droite, montant jusque dans mon bas-ventre. Une brûlure insoutenable. En larmes, j’ai appelé mon père, qui s’est précipité vers moi. Lorsqu’il m’a sortie de l’eau, son regard s’est figé en voyant ma peau rougie et enflée : j’avais été piquée par une méduse.
Cela fut un choc pour moi, je n’arrivais pas à y croire. Comment est-ce qu’une créature que j’ai tant aimée et admirée puisse me faire du mal? Je savais bien qu’elles piquaient, mais je ne comprenais pas pourquoi elles me piqueraient. C’est ce que l’on appelle la désillusion de l’enfance.
La désillusion de l’enfance désigne le moment où un enfant prend conscience que le monde n’est pas aussi simple, juste ou merveilleux qu’on l’imaginait. Ce processus, souvent progressif, survient à travers des expériences marquantes : la découverte que les adultes ne sont pas infaillibles, que certaines croyances enfantines ne sont pas réelles, la confrontation à des injustices ou encore une piqûre réalisée par son animal favori. Cette prise de conscience leur permet de développer un regard plus nuancé sur la réalité et, éventuellement, de se construire sur le futur plus ou moins rose qui les attend. Cependant, cette expérience est vécue de manières différentes partout dans le monde tout dépendant du niveau de vie de l’enfant. Par exemple, des enfants vivant dans des camps de réfugiés auront vécu une désillusion bien plus tôt que la moyenne puisqu’ils auront été exposés à des situations traumatisantes à un jeune âge.
À chacun son rite de passage vers ce qu’on appelle la « maturité » !
- Rania
Inspiration : https://www.yoopala.com/ressources/les-enfants-et-la-perte-de-lillusion-du-pere-noel-un-rite-de-passage/
