Récemment, j’ai eu une réflexion. Je cherchais un crayon et j'ai trouvé un pousse-mine brisé. Même si son apparence était peu flatteuse, il fonctionnait encore tout à fait bien. Malgré cela, j’ai choisi de ne pas le prendre et de chercher un autre crayon. Pourquoi? Parce qu'il était brisé, tout simplement. Même s'il fonctionnait encore parfaitement, la fissure dans son revêtement en plastique mauve m'a révulsée au point où je l'ai remis dans son étui. Par la suite, j'y ai repensé et je me suis demandé si parfois on n'agissait pas de cette manière avec des humains aussi. On dirait qu'on ne va jamais vers des personnes « brisées » alors que ce sont elles qui en ont le plus besoin.
Pourtant, tout comme mon crayon fissuré qui fonctionne encore, ces personnes aussi fonctionnent encore et méritent qu'on leur accorde autant d'attention que les autres. On dirait aussi que notre société n'accepte pas qu'il y ait des « brisées ». On veut que tout le monde aille bien, tout le temps. On veut que tout le monde ait une belle vie et ne soit jamais triste. Pour prouver mon point, pensez à la fameuse question « Ça va ? » Personne ne pose cette question en s'attendant à ce que l'autre réponde non, alors que c'est tout à fait normal de ne pas bien aller. Ce qui n'est pas normal, c'est justement d'aller bien tout le temps. Les « brisées » sont peut-être en réalité les seules qui ont l'audace de ne pas faire semblant. À moins que certaines se mettent elles aussi un masque, mais qui sommes-nous pour juger? Tout le monde le fait. J'espère qu'un jour cette pression constante se terminera.