Le ciel tombe; l’apocalypse frappe; les édifices s’écroulent et moi aussi. Mon monde est en ruine et je dois le reconstruire: je dois me reconstruire.
Je coupe mes cheveux courts, je garde mes ongles longs, j’entrelace ma langue avec du feu et j’envenime mes veines : plus rien ni personne ne pourra me faire du mal.
Je marche la tête haute avec une assurance qui semble innée et je ne m’arrête pas pour personne. Je suis intouchable.
Peu à peu, comme de la vieille peinture sur un mur, ma façade s’écaille et s’arrache, dévoilant, au passage, ma vraie nature : une personne brisée qui ne s’est jamais réellement relevée.
Je suis complètement nue et la vulnérabilité passe près de m’étouffer. Je me recroqueville vers les catacombes de mon être et je m’y perds, je me couche par terre et je me laisse baigner dans ma souffrance. Je me laisse pleurer, je me laisse crier, je me laisse exister. Je me laisse guérir.
Quand je remonte à l’étage des mortels, c’est avec une sensibilité et une douceur pratiquée, c’est en lançant des fleurs et en réchauffant des cœurs. À travers ma tendresse, on perçoit de la fragilité et de la naïveté, comme si l’absence de réactions corrosives signifiait une âme égarée.
Pourtant, j’ai acquis la sagesse nécessaire pour reconnaître que la force se trouve dans la personne qui répond à la méchanceté par de la bonté, qui accepte la douleur qu’elle ressent et qui choisit de la vivre.
Je suis sensible et je suis vulnérable, mais je ne suis pas fragile.
Je suis forte.
Juliette